Portrait d’Alumni : Eric Carreel

 
13/04/2017


On dit de vous que vous êtes stratège, start-uper, serial entrepreneur, inventeur, catalyseur d’innovation… Comment vous prenez cela ?

[rire] Vous savez, les articles de la presse, il faut les prendre avec une certaine distance.
Je pense que ces dernières années, et c’est bon pour notre pays, on constate un intérêt assez fort pour une nouvelle forme d’entreprise, plus jeune, plus petite et une prise de conscience que la valeur est aussi, même peut être essentiellement, créée à ce niveau. Il y a eu une conjonction temporelle entre ce que l’on a essayé de faire avec Inventel, Withings, Sculpteo et Invoxia et le fait que je participe au plan Objets connectés avec le Ministère du redressement productif, en 2013. Tout cela a participé à faire connaître davantage notre activité que par le passé.

Comment en êtes vous arrivé là ? Est-ce que la création d’entreprise a toujours été une volonté forte chez vous ?

J’ai fait des études à l’ESPCI Paris, j’y suis devenu ingénieur et j’y ai rencontré Jacques [Lewiner] qui a compris la personne que j’étais, qui m’a aidé, accompagné et a su travailler avec moi. J’ai fait une thèse, j’ai été chercheur dans son labo. C’est là qu’est né le désir de créer une entreprise, car ma volonté était d’aller plus loin que ce que l’on faisait dans ce labo.
Pour moi, le « travailler ensemble » est une chose essentielle de la vie de notre société et je me suis toujours dit que mon travail devait aider d’autres personnes. Si on est tout seul dans son coin, c’est terrible.
La partie technologie et recherche nous a amenés à tenter l’aventure mais dans un monde où nous ne connaissions rien. Il y a 20 ans, les cloisons entre le monde universitaire, celui de la recherche et les start-up étaient énormes. C’était mal vu, difficile et même risqué de créer une entreprise.
Nous n’étions pas forcément dans un milieu qui nous permettait de comprendre comment ça marche. Le numérique et Internet n’étaient pas encore là, la circulation de l’information était moins fluide et les outils n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui. Nous sommes partis de très bas et au final, c’est une très belle expérience car nous avons beaucoup appris.

Est-ce que l’ESPCI Paris, avec sa simplicité d’organisation et avec l’agilité de son modèle n’a pas été un bon tremplin ?

C’est certain et notamment la façon dont Jacques essayait de prolonger l’histoire de l’ESPCI ; les relations entre le monde économique, le milieu industriel et la recherche ont toujours été très fortes dans l’École depuis sa création, dans un pays un peu sclérosé. Pierre-Gilles de Gennes, directeur de l’École à l’époque, était lui aussi favorable à ce genre d’initiative. L’ESPCI a été un super tremplin à une époque où, contrairement à aujourd’hui où cela est encouragé, il n’y avait pas beaucoup d’endroits où cela était possible.

Pour vous, qu’est-ce qui fait la différence entre l’ESPCI Paris et d’autres écoles d’ingénieurs ?

D’abord, il y a aujourd’hui et hier. Hier, l’École était en avance sur son temps, sur le décloisonnement entre les disciples, par exemple. Casser les murs qui se construisent dans des spécialités et des mondes différents était une particularité de l’ESPCI. Elle s’est créée avec de la physique et de la chimie, puis elle a ajouté la biologie. Aujourd’hui, les frontières entre tous ces mondes sont bien abolies. Faire du « transcience » pour avancer, en y ajoutant la puissance du numérique, est essentiel. Le mode de fonctionnement de l’École – que ce soit le droit à l’initiative ou la légèreté administrative – encourage l’innovation et aide à imaginer que, demain, des choses peuvent être faites autrement. Je pense que l’ESPCI a cet arrière-plan culturel qui lui permet d’envisager le monde de demain comme différent de celui d’aujourd’hui, d’envisager la science autrement, d’appréhender l’enseignement et le lien avec le monde économique sous un autre angle.
D’autre part, ce qui reste essentiel selon moi, ce sont les travaux pratiques dans les laboratoires. J’embauche beaucoup d’ingénieurs et je vois que c’est essentiel pour les entreprises. L’expérimentation, le travail en petits groupes, sont indispensables et commencent à être mis en pratique partout. Il faut que l’École le conserve dans ses spécialités. L’ESPCI aura encore à changer demain, à continuer à évoluer avec son temps. La manière de transmettre la connaissance, le fait que chaque secteur devient un domaine à part entière font que les labos doivent être de plus en plus pointus, dans un domaine étroit, en même temps que les élèves doivent être capables de s’adapter à n’importe quel défi ou situation. Il faut donc acquérir une capacité à capter de l’information, à surfer sur le monde pour mettre en relation des choses qui, a priori, n’ont rien à voir et essayer de faire du nouveau avec tout cela. Et à partir du moment où on pose sa tente quelque part, creuser un trou très profond pour apporter quelque chose au sujet. Et ça, c’est l’enjeu de toute formation de demain. Les écoles dans le numérique sont bien conscientes de cela. Les Américains sont également sensibles à cette transformation de l’information. Il faut que l’ESPCI demeure ouverte à ces transformations en profitant de son esprit assez peu conventionnel, dans le sens où elle n’et pas asphyxiée par la structure.

Comment sentez-vous les tendances ? Vous avez crée le premier pèse-personne connecté en 2009. Est-ce qu’un jour vous vous êtes réveillé en vous disant « ce serait bien que je connecte mon pèse-personne à mon Smartphone ou à ma montre » ? Comment vous les sentez ?

Ça ne vient pas d’un seul coup. C’est un travail au long court. Si on relit cette histoire, c’est la progression de l’histoire précédente. On avait créé Inventel avec Jacques dans le domaine des télécoms. On s’est pris quelques claques et on est arrivés sur la Livebox qui amenait l’Internet haut débit à la maison. On a été rachetés et on a rencontré beaucoup d’opérateurs sur Internet qui pensaient que maintenant qu’ils étaient entrés au sein de la maison, ils allaient tout contrôler et être les maîtres du monde.
À l’époque, on avait fait une slide extraordinaire qui montrait la Livebox au milieu, comme le soleil et, autour, les objets en orbite qu’on peut avoir à la maison : réfrigérateur, imprimante, ordinateur, appareil photos, etc. L’ensemble contrôlé par la Livebox. J’ai fait le tour de la planète avec cette slide et tout le monde était absolument excité. Nous avons alors été rachetés par Thompson et on s’est dit que la prolongation naturelle était de connecter ces objets à Internet pour aider l’opérateur.
Or, on a réalisé que ça ne marchait pas du tout. C’est Steve Jobs, en 2007 avec sa Keynote qui, quelque part, nous a donné la clé, disant que les opérateurs télécoms pensaient être au service de leurs clients alors qu’ils n’étaient qu’un tuyau et un fournisseur de factures. Ils n’étaient pas capables, contrairement à ce qu’ils prétendaient, d’établir cette relation et de prendre soin de tout ce service que peut attendre le client. Apple a voulu court-circuiter les opérateurs. On a compris ce jour-là que l’objet, pour son utilisateur, pourrait aussi être un service, non seulement au niveau de sa relation avec lui, mais aussi au niveau de sa relation avec une collectivité, une entreprise de services qui lui viendraient via l’objet. On s’est dit que les objets connectés seraient évidemment connectés demain mais pas par un fabricant d’objets qui le donnerait ensuite à un fournisseur de services. Ce serait l’équipe qui aurait imaginé l’objet, l’aurait construit, qui continuerait d’apporter un service autour de cet objet, du fait de sa spécificité, de son savoir-faire. Les données récoltées par le service permettraient d’en apprendre plus sur l’ensemble de la communauté et pas seulement sur le seul utilisateur. Tout le monde pourrait en profiter.
On s’est dit alors qu’on allait créer une entreprise d’objets connectés. On n’avait pas forcément l’idée de travailler dans la santé. On voulait regarder deux choses : le monde du bien-être et de ce que l’on appelait à l’époque des smart-grid (toute la gestion de l’énergie à la maison). Un peu par hasard, on a commencé par le pèse-personne, en se disant que c’était sans doute pas un produit révolutionnaire mais facile à faire, qui permettrait à notre équipe d’ingénieurs de mettre le pied à l’étrier et nous ferait passer un cap.
En réalité, ce fut compliqué mais génial à faire comme produit, ce sont nos clients qui nous l’ont fait réaliser. J’ai commencé à faire des conférences et je voyais des gens arriver en fin de conférence, des gens avec leur courbe de poids me disant : « Eric, tu m’as changé la vie ! ». C’était émouvant. On a compris que le poids, que nous considérions comme une donnée presque négligeable, était en fait une donnée très intime et qu’un objet connecté comme celui-ci, qui permettait d’obtenir, non pas un simple chiffre sans pertinence mais une tendance que l’on pouvait regarder n’importe quand, changeait complètement notre capacité à gérer notre poids ou encore notre relation au repas et à l’activité physique.

Cela a permis aussi de changer les mentalités de la société, par exemple s’obliger à marcher 10 kms par jour.

C’est venu après. Nous, nous sommes aperçu qu’il y avait une capacité extraordinaire à accompagner les gens et nous en sommes arrivés à l’étape que vous venez de mentionner : à partir du moment où vous aidez quelqu’un à perdre du poids ou à faire de la marche, c’est un processus auto-vertueux. Il y a deux types d’efforts : ceux que l’on fait une fois dans sa vie, que l’on est content d’avoir faits mais qui demandent autant d’efforts si on les fait une seconde fois et ceux qui, pratiqués régulièrement, deviennent faciles. La perte de poids et la marche font partie de ces derniers.
Si je marche plus, je découvre que je me sens mieux. Du coup, je ressens ce besoin de marcher et j’ai moins d’effort à faire. Même chose pour le poids. Dès que je perds quelques kilos, je suis encouragé à en perdre davantage car je me sens mieux.
Il y a un côté vertueux à la prise en charge de sa santé.

La 3e étape a été de se dire que nous n’étions pas uniquement dans le bien être mais aussi dans la santé. Cette capacité à suivre au long court des personnes chez elles va révolutionner la santé et nous faire passer d’un monde où l’on se soignait quand on était malade, dans un cabinet médical, à l’hôpital, par un médecin qui nous voyait une fois tous les x mois, avec peu de données mesurées à cet instant-là, à un monde où nous serons suivis avant d’être malade, tout au long de la journée pour, justement, rester en bonne santé.
Ces objets que nous mettons au service des utilisateurs ont la particularité d’être utilisés longtemps ; il ne s’agissait pas de vendre un gadget jetable mais un véritable objet utile à nos clients sur le long terme.
Nous avons tous envie d’être en bonne santé mais, sans accompagnement ou encouragement, on fait peu d’efforts pour l’être. Il y avait un dilemme : comment accompagner la personne et avoir des mesures les plus précises possible, une information la plus utile possible, un système d’encouragement le plus efficace possible, sans être invasif ?
C’est pour cela que nous avons continué à travailler sur trois objets qui ont chacun une place différente dans nos vies : le pèse-personne (chaque famille en possède un, c’est un objet facile à remplacer). Nous allons lui faire faire le plus de choses possibles : il mesure la vitesse de l’onde de pouls, c’est à dire la vitesse à laquelle l’onde de pression se propage à l’intérieur du système artériel, à partir du moment où le cœur a envoyé du sang pour l’éjecter vers l’extérieur. Cette onde caractérise la rigidité artérielle, la tension artérielle et le niveau de stress.
En fait, des études menées par des cardiologues ont montré que c’était la meilleure façon d’avoir un indicateur du risque cardio-vasculaire à 4 ans. C’est aujourd’hui mesuré par seulement 1 à 5% des cardiologues car l’appareillage est trop cher (15000 dollars) et compliqué à mesurer (car il faudrait le mesurer pleins de fois).
Avec ce nouveau pèse-personne, on ajoute quotidiennement une mesure de plus, on ajoute un niveau de précision et un niveau de suivi très fin à cette mesure d’onde de pouls, seulement en passant 12 secondes sur le pèse-personne.

C’est assez révolutionnaire. On a des études qui ont été publiées au dernier congrès scientifique sur l’hypertension.
Cela va probablement aider beaucoup de gens à faire attention à leur santé artérielle, car il y a des moyens faciles de l’améliorer au besoin (arrêt du sel, plus d’activité physique, manger moins gras). On voit les résultats sur cette mesure, ce qui peut servir d’alerte pour aller voir un médecin.
Progressivement, en travaillant, en dialoguant avec nos utilisateurs, les ingénieurs, en rencontrant des médecins dans les hôpitaux, est née cette idée d’aller un peu plus loin.

Je disais que nous avions donc réalisé trois objets : un pèse-personne, un capteur que l’on glisse sous le lit et qui mesure les mouvements, le rythme cardiaque et la respiration pendant la nuit et un objet autour du poignet.
On est partis des telecoms, de cette nouvelle opportunité, du fait que ça ne fonctionnait pas avec les opérateurs et donc qu’il fallait avoir un nouveau style d’entreprise qui prenne en charge à la fois l’objet et le service.
Le fait de recevoir dans nos serveurs toutes les données de nos utilisateurs nous permet d’apprendre énormément et c’est à partir de ces données que l’on a appris que, sur un pèse-personne, on pouvait mesurer un rythme cardiaque et petit à petit, nous en sommes arrivés à cette vitesse de pouls.
En 2008, quand on a travaillé sur le premier pèse-personne, on a rassemblé les technologies qui étaient là : celle pour faire un pèse-personne, celle du Wifi, celle d’une application mobile, celle d’une plateforme, celle d’une connectivité basse consommation, etc. Aujourd’hui, il s’agit d’aller un peu plus profond dans le domaine de la santé. Cette année on a plongé dans le domaine du médical puisque l’on fait des mesures que même la plupart des médecins ne connaissent pas et ne savent pas mesurer et qui, pourtant, sont considérées comme essentielles pour notre santé.

Ce qui est super, c’est que, au tout début, vous nous avez dit que, plus jeune, vous aviez envie de faire des choses pour la société, pour les autres, ce que vous êtes en train de faire : vous êtes en train de changer les mentalités des monsieurs et madames tout le monde. Un peu comme les cinq fruits et légumes de Serge Hercberg qui a changé la mentalité de l’alimentation des Français.

On participe à un mouvement, on est jamais tout seul. C’est comme dans la recherche, les chercheurs savent bien que lorsqu’ils sont sur un sujet, il y a probablement un autre labo concurrent, quelque part dans le monde, qui est sur le même sujet et tous ceux qui continuent de creuser arrivent un peu aux mêmes conclusions, aux mêmes avancées, ce qui participe aux progrès de la société. Il faut être assez humble par rapport à tout ça parce que tout ça naît, meurt, se transforme et finalement moi, dans mon expérience d’entrepreneur, ce qui me touche le plus, c’est l’expérience humaine du travail ensemble.
Quand je regarde l’équipe de Withings, je la trouve magnifique : il y a un plaisir de travailler ensemble et il y a une capacité à faire plus ensemble que la somme de chacun. Il y a une joie à construire qui fait que, rien que les regarder, c’est un plaisir.

On sent que vous aimez les gens avec qui vous travaillez et c’est très agréable à entendre. C’est rare [rires].

Non je crois que ça arrive souvent dans ce type de structure : vous voyez passer quelqu’un dans l’open space ou dans le couloir et vous sentez, à la fois sa joie d’être là, son désir d’aller de l’avant, de creuser, ce qui vous rend vous-même heureux et vous motive.

Vous parliez de prochaine étape, quelle est-elle ? Une nouvelle start-up ? Un nouveau produit ?

Je ne sais pas, je me suis donné six mois avant de prendre une décision pour éviter de plonger trop vite. Pour aussi ne pas être trop sensible à toutes les sollicitations parce que quand vous vendez une entreprise, beaucoup de gens vous sautent dessus. Et puis je veux aussi m’isoler au vert tout seul quelques temps pour réfléchir et rencontrer des gens. Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire après, je me dis que c’est important de prendre le temps de choisir.

Pour revenir sur ce que vous représentez aussi à la fois pour les jeunes élèves qui arrivent à l’ESPCI et aussi pour les start-up, actuellement présentes dans les laboratoires de l’École, je ne sais pas si vous vous rendez compte que vous pouvez être un modèle pour ces sociétés là. Est-ce que vous auriez quelque chose à leur dire ?

Je crois qu’il ne faut surtout pas avoir de modèle, c’est très dangereux. J’interviens chaque année auprès des élèves de 2e ou 3e année parce qu’il y a une présentation des métiers possibles en sortant de PC et donc je parle un peu du métier d’entrepreneur. Ce qui me semble le plus important, c’est ce que Steve Jobs, lors d’une de ses rares conférences, avait dit, grosso modo « faîtes ce qui vous fait vibrer, soyez passionnés, soyez fous et sans préjugés ». Quand j’ai commencé et qu’on allait dîner chez des amis, on disait presque à ma femme « t’as pas de chance, ton mari est entrepreneur ». Aujourd’hui c’est le contraire, c’est à dire qu’il y a une espèce de surmode de start-up. Je crois que tous les métiers sont beaux à condition qu’on les aime et à condition qu’on les vive dans une structure qui nous permet d’y être bien.
Ce qui est probablement encore à transformer c’est la capacité qu’a l’humanité à créer des collectivités impulsant le goût du travailler ensemble aux personnes qui sont dans l’entreprise.
Une start-up, au départ, il n’y a rien, tout est à construire, on voit ce que l’on construit tous les jours. Mais il y a aussi besoin d’entreprises plus grandes, donc il va y avoir une transformation là.
Pour essayer de répondre à votre question, je pense que l’on est appelés à creuser, à essayer de faire avancer les choses, d’apporter notre petite pierre à tout ce que la communauté mondiale humaine a su créer pour vivre ensemble d’une nouvelle façon. Car c’est bien ça que l’on est en train de construire et il y a mille façons de le faire. L’important c’est de le faire avec passion, avec profondeur et avec une honnêteté intellectuelle par rapport à ce que l’on essaie de construire.
Après, concrètement, il s’agit d’être attentif : à ce que l’on construit de différent, à la qualité. Il y a une exigence. Parfois, on voit des articles sur des équipes super sympas : on sort ensemble, on mange ensemble, on fait du sport ensemble et on a l’impression que c’est ça qui rend une équipe sympa. Je pense que tout ça n’est pas à proscrire mais ce qui rend une équipe sympa c’est qu’elle a l’impression d’approfondir quelque chose ensemble. Une équipe n’est une équipe que si elle sait travailler ensemble dans une exigence.
Donc le rôle d’un responsable, d’un créateur d’entreprise, c’est aussi, dans la joie et dans la bonne humeur, d’être le vecteur de cette exigence. Sans exigence, finalement ça devient mou, fade et du coup, tout le monde s’embête. L’exigence est essentielle sur l’objectif que se donne cette communauté humaine à un instant donné. Et que ce soit dans un labo, dans une start-up, dans une entreprise.
Il y a quelque chose de difficile à mettre en place, une espèce d’alchimie qui parfois marche, parfois ne marche pas mais qui fait qu’à un moment donné, une véritable équipe se constitue. Une équipe doit générer une capacité créatrice plus importante que la somme des personnes qui la constituent.
La France est encore un pays plutôt conservateur, de sorte qu’il est rare que ces applications, services, produits, créés par ces entreprises trouvent leurs premiers clients en France. Il faut donc vraiment considérer que notre pays c’est le monde et ne pas hésiter notamment à aller en Chine, aux Etats-Unis, qui sont probablement aujourd’hui des sociétés plus ouvertes. D’aucuns se réjouissent que l’on ait le principe de précaution dans notre constitution, moi je pense que c’est une anomalie de l’Histoire. L’humanité, bien sûr, doit prendre des précautions mais elle doit surtout aller de l’avant car c’est ça qui fait qu’elle est vivante.

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