Portrait - Lilia Bouraoui, ingénieure en 3ème année à l’ESPCI Paris - PSL

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22/06/2022

Lilia Bouraoui est élève-ingénieure en double diplôme à l’ESPCI Paris – PSL et à Mines Paris - PSL en génie atomique. Passionnée par l’industrie nucléaire, elle a réalisé en juillet 2020 un premier stage au sein de la DIPDE (Division Ingénierie du Parc Nucléaire, de la Déconstruction et de l’Environnement) à EDF, puis un deuxième dans le groupe Études probabilistes de sûreté de la DIPDE. Motivée et pleine d’ambitions, elle est aujourd’hui stagiaire à l’IRSN en sûreté nucléaire.


Lilia devant le simulateur d'étude SOFIA de l'IRSN
Quelles raisons t’ont poussée à vouloir devenir ingénieure ?  

La première raison, c’est l’intérêt que je porte à la science. J’ai grandi en Tunisie jusqu’à mes 18 ans et j’adorais les mathématiques, la physique, les sciences de la vie etc. Pour moi, l’ingénierie était la voie la plus généraliste afin de continuer à faire des sciences. Après mon baccalauréat, je suis donc allée au lycée Sainte Geneviève à Paris en classes préparatoires Maths Physique et par la suite j’ai intégré l’ESPCI.

La deuxième raison, la plus importante, c’est que je voulais un métier qui ait du sens, un métier qui puisse m’aider à relever les défis du siècle. Dès le lycée, je commençais à penser au réchauffement climatique ainsi qu’à la transition énergétique. Je me suis dit qu’en tant qu’ingénieure, je trouverais forcément un domaine où je serais utile à la société et je n’ai pas du tout regretté mon choix.

Pourquoi as-tu choisi d’intégrer l’ESPCI ? 
 

J’ai choisi cette école pour trois raisons principales. Tout d’abord, l’excellence académique : l’ESPCI a la réputation d’être une très bonne école d’un point de vue scientifique. En terminant ma troisième année de prépa, je savais que je voulais approfondir mes connaissances en physique et c’est l’établissement qui me semblait le plus approprié en termes de rigueur et de qualité.

La pluridisciplinarité m’a également fortement attirée. Le fait d’avoir un programme transversal avec de la biologie, de la chimie, de la physique et des maths, tout cela permettait de garder l’aspect plutôt généraliste de la prépa. Et pour finir, le côté « petite promo » m’a totalement convaincue. En moyenne 85 élèves-ingénieurs entrent dans l’école chaque année et cela permet un bon accompagnement personnalisé.

Quel sens donnes-tu à ta formation ?  

Trouver ma voie a donné du sens à ma formation : le nucléaire est un coup de cœur scientifique. J’ai été rapidement fascinée par la complexité du fonctionnement d’un réacteur nucléaire, émerveillée par les différents systèmes de sauvegardes qui permettent à un réacteur de revenir dans un état sûr en cas d’accident et impressionnée par l’exigence et la transparence de cette industrie. Etant une future ingénieure, je ne pouvais que me passionner pour les métiers techniques de la filière nucléaire.
En tant que citoyenne du monde, les conséquences d’un réchauffement climatique qui ne cesse de progresser m’inquiète. Pour moi, réduire les émissions de gaz à effet de serre passe en partie par l’électrification de nos sociétés carbonées et le nucléaire est un pilier dans cette lutte. Nous avons besoin d’un mix énergétique porté par les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire pour atteindre la neutralité carbone au plus vite.

C’est en prenant conscience de cela que ma formation à l’ESPCI a pris du sens. Avant, je suivais les cours avec lesquels j’avais plus ou moins d’affinité. Aujourd’hui avec du recul, je réalise que même s’il n’y a pas de cours appliqués directement à l’énergie nucléaire, le fait d’avoir une culture scientifique variée me permet de comprendre les sujets complexes abordés dans cette industrie.

J’ai aussi apprécié l’accompagnement scolaire dont j’ai bénéficié qui m’a permis d’aller découvrir d’autres formations. Je voulais faire un échange en troisième année et la direction de l’école a accepté que je parte pendant trois mois avec le Master of Nuclear Energy de Chimie ParisTech. Là j’ai pu suivre des cours liés à l’énergie nucléaire, creuser des sujets qui me tenaient à cœur, et j’y ai retrouvé des notions déjà vues à l’ESPCI. De plus, actuellement je fais le double diplôme Mines Paris - PSL en génie atomique où je me spécialise réellement dans le milieu où je veux continuer.

Quels sont tes projets d’avenir ?  

Mon stage industriel de 6 mois dans les études probabilistes de sûreté à EDF m’a énormément marquée sur le plan professionnel et humain. J’ai eu la chance d’avoir des collègues responsabilisants et de travailler sur un sujet technique complexe. J’étais très autonome mais bien accompagnée par de nombreux interlocuteurs dans l’unité de la DIPDE. J’ai pu échanger avec des experts et organiser des points techniques avec d’autres pour exposer mes raisonnements et mes résultats. Tout cela m’a rapidement permis de monter en compétences sur les métiers de la sûreté. Ce stage, ainsi que celui que je réalise actuellement à l’IRSN, ont confirmé mon envie de jouer un rôle important dans cette industrie.

A l’avenir, je souhaiterais travailler dans l’industrie nucléaire, probablement dans un grand groupe tel qu’EDF ou Orano. Je suis attirée par les vastes projets de ce secteur. Nous devrons construire 6 à 14 nouveaux réacteurs, et j’aimerais participer au renouvellement du parc nucléaire. Je veux vraiment être actrice de la relance du nucléaire en France. Il me semble donc essentiel dans un premier temps de trouver un premier poste technique responsabilisant et challengeant qui puisse me fournir le bagage technique nécessaire à la compréhension fine des multiples enjeux de la filière. Puis, rapidement, je souhaiterais me réorienter vers la gestion de projet.

As-tu un message à adresser aux jeunes filles qui vont lire ce témoignage ?  

Je leur dirais de ne pas se fermer de portes et de se renseigner dès le plus jeune âge pour s’orienter vers les métiers qui leur plaisent le plus, sans considérations de genre. Aujourd’hui il n’y a que 22 % de femmes dans le nucléaire, et nous sommes encore loin de la parité dans de nombreux domaines techniques et plus largement en ingénierie.

Mais ces nombres ne sont pas directement dû au sexisme en entreprise, c’est plutôt dû à une représentation genrée des métiers que la société véhicule dès le plus jeune age et qui persiste à cause d’un manque de sensibilisation. Les stages, que ce soit au collège ou en l’école d’ingénieur, sont une superbe opportunité pour découvrir les métiers d’ingénieurs et de l’industrie. Osez aller découvrir ces domaines pour vous faire votre propre opinion car ils ont un apport réel et concret à la société !

Je voudrais aussi les rassurer et les pousser à aller vers les filières techniques de l’industrie qui recrutent énormément car les mentalités ont bien changé et continuent de changer. Aujourd’hui, la diversité est un véritable atout dans tous les secteurs de l’ingénierie et la majorité des entreprises poussent à la parité. Il faut oser s’aventurer et avoir confiance en ses aptitudes car le cerveau humain et vos compétences ne dépendent pas de votre genre.





ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES DE LA VILLE DE PARIS
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