iGEM, la biologie synthétique à l’honneur !

 
02/07/2018

Depuis trois ans, les étudiants de l’ESPCI sont impliqués dans le projet iGEM, au sein de l’équipe iGEM Pasteur. Avec plusieurs écoles parisiennes associant sciences, design ou même propriété intellectuelle, les étudiants constituent une équipe qui va développer un projet de biologie synthétique. iGEM implique plusieurs centaines d’équipes dans le monde. Rencontre avec Ersin Yilmaz, étudiant en 2ème année à l’ESPCI et qui a participé à l’édition 2017 du concours.


Qu’est-ce que le concours iGEM ?

Le concours iGEM est un concours de biologie synthétique crée par le MIT en 2004. Il réunit chaque année, à Boston, plusieurs centaines d’équipes venant du monde entier. Ces équipes, la plupart du temps multidisciplinaires, s’affrontent sur des sujets variés tels que la santé, l’environnement, l’art. L’objectif est d’arriver à développer en un an, une innovation basée sur la biologie synthétique. Les thèmes abordés sont libres et très variés.
La biologie synthétique : Dans le concours, il s’agit d’utiliser des bactéries (souvent E.Coli) comme moyen de production de protéines ou d’enzymes, molécules souvent complexes aux capacités extraordinaires, qui seront au cœur de l’innovation. Il y a donc une dimension manipulation génétique dans tous les projets, on parle de bio-ingénierie. L’idée est, en s’inspirant de la nature, de créer des séquences génétiques (sorte de code informatique) que l’on insert dans une bactérie (sorte d’ordinateur) et qui, alors, produit l’enzyme ou la protéine codées par la séquence.

Pourquoi as-tu postulé ?

Le concours iGEM oblige les équipes compétitrices à s’organiser comme des start-ups. Recherche et développement, levées de fond, communication, propriété intellectuelle, tout doit être fait par les iGEMeurs avec l’aide de coaches, souvent des chercheurs. J’ai toujours été attiré par l’entrepreneuriat et c’était pour moi l’occasion rêver de m’y essayer. De plus, l’ESPCI m’a permis de me replonger dans la biologie, domaine que j’avais abandonné en terminal. C’est mu par la volonté de relever le challenge de l’entreprenariat et l’intérêt pour la biologie que j’ai postulé pour entrer dans l’équipe iGEM Pasteur Paris, une équipe formée d’élèves de plusieurs écoles de PSL et de Paris-Saclay dont 2 de l’ESPCI, Gaétan Verdierre et moi-même (UPMC, X, Chimie Paris, Centrale Supélec, Faculté Jean Monnet, ENSCI - Les Ateliers).


Quel a été votre projet ?


Le projet de l’équipe Pasteur Paris 2017 portait sur la pollution atmosphérique. Nous souhaitions développer un appareil bio-inspiré, autonome énergétiquement et peu coûteux pour agir contre ce fléau. Nous avons ciblé des composés chimiques présents notamment dans l’air intérieur, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des perturbateurs endocriniens souvent pointés du doigt. Nous nous sommes intéressés à la capacité qu’ont certaines bactéries du genre pseudomonas à produire des enzymes capables de dégrader des molécules présentant des caractéristiques proches des HAP. L’idée était de fabriquer un purificateur d’air low-cost, auto-suffisant énergétiquement et qui ne se contente pas de capturer les polluants, comme la plupart des appareils actuels du marché, mais d’également les dégrader. Cet appareil serait alimenté par des cellules solaires à colorant organique fonctionnant même sous lumière artificielle et muni d’un filtre sur lequel sont présentes les enzymes d’intérêt capables de dégrader les HAP.

Qu’as tu appris pendant cette année ?

Ce fut une expérience très intense et très enrichissante. J’ai tout d’abord approfondi mes connaissances en biochimie et biologie moléculaire aussi bien dans la théorie que dans la pratique (il y a une grosse part de travail de labo). Je me suis rendu compte de toute la difficulté que représente la recherche et l’entrepreneuriat : l’exaspération des échecs répétitifs au labo et le plaisir du succès final par exemple. Le meeting final à Boston, appelé le Giant Jamboree, reste un souvenir mémorable notamment le nombre conséquent de projets tous plus ingénieux les uns que les autres venant des quatre coins du globe.


Quelle a été ton implication en tant que PCéen ?


La formation PCéenne est basée sur l’interdisciplinarité. En tant que PC1, j’ai vraiment mis à profit l’enseignement que j’ai reçu à l’ESPCI. J’ai participé à la recherche et au développement, aussi bien en biologie qu’en chimie. J’ai pu également participer à la recherche de fond (dossiers de financement, prévisions budgétaires, analyse de marché) et à la communication externe (réseaux sociaux, affiches, flyers). J’ai également présenté toute la partie scientifique du projet lors du meeting final à Boston.

Des infos sur la prochaine team ?

Un petit mot d’Antoine Ehret 136 membre de l’équipe Pasteur Paris 2018 :

Notre projet, Neuronarch, nous amène à cibler nos recherches sur la problématique des infections bactériennes sur les prothèses et autres types d’implants. En effet, sur les 2,6 millions de prothèses et implants orthopédiques posés annuellement aux États-Unis, on estime à environ 5% le nombre d’infections bactériennes, entraînant des pathologies diverses et des surcoûts médicaux importants. De plus, étant donné les avancées actuelles dans le domaine des prothèses et des interfaces neurone/machine, nous pensons qu’il est crucial de développer des interfaces biocompatibles entre les nerfs et les prothèses ou électrodes avec lesquels ils sont en contact. Grâce à Neuronarch, nous souhaitons créer un dispositif innovant et biocompatible permettant de lutter contre la formation de biofilm pathogène tout en améliorant l’interface entre les neurones et l’implant.
Cette année nous sommes trois étudiants de l’ESPCI sur 20 étudiants d’horizons différents : des biologistes (UPMC Sorbonne Université, Sup’Biotech), des designers (ENSCI – Les Ateliers), des juristes (Faculté Jean Monnet) et des ingénieurs (Centrale-Supélec, Chimie ParisTech, Ecole Polytechnique, ESPCI Paris)

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