CP : L’américain Steven Chu, nouveau président du Conseil Scientifique International de l’ESPCI Paris

 
16/12/2019

Chaque année, un comité international de scientifiques de renommée mondiale se réunit à l’ESPCI Paris, et évalue son programme de recherche et d’enseignement. Après un mandat de cinq ans, Michael Cates, professeur à l’Université de Cambridge, cède la tête du CSI (Conseil scientifique international) à un autre illustre chercheur : Steven Chu, professeur à l’Université de Stanford, co-lauréat du prix Nobel de Physique en 1997, Secrétaire à l’Energie dans l’administration Obama de 2009 à 2013. Pour Vincent Croquette, directeur général de l’ESPCI Paris, « c’est un immense honneur d’attirer l’attention d’un scientifique aussi talentueux, et cette annonce permettra sûrement de mettre l’ESPCI en lumière, en particulier sur la scène internationale. Steven Chu incarne aussi l’ADN de l’école, la pluridisciplinarité : son prix Nobel est en physique atomique, mais il a aussi apporté sa contribution à la physique des polymères, la biophysique, les batteries et plus encore ! Son expérience politique et son engagement sur les questions climatiques constitueront aussi un formidable exemple pour notre institution ».


Vous êtes actuellement professeur à l’Université de Stanford, sur quoi portent vos recherches actuelles ?

Steven Chu : Actuellement, je travaille sur des questions d’imagerie cellulaire et moléculaire, de synthèse de nano-sondes et de nouvelles méthodes d’imagerie ultrasonore, mais aussi sur de nouvelles approches pour les batteries au lithium, la production électrochimique d’hydrogène, et diverses autres technologies en lien avec l’énergie.

Après une carrière aussi riche, qu’est-ce qui entretient votre passion et votre engagement pour les Sciences et leur enseignement ?

SC : J’aime tout simplement explorer de nouvelles disciplines scientifiques. Pour moi, la meilleure façon d’apprendre avec mon groupe de recherche, c’est de s’apprendre mutuellement de nouvelles choses. De la même manière, l’apprentissage en classe me permet aussi d’explorer de nouveaux champs.
Tous les 5 à 6 ans, je plonge dans de nouvelles disciplines, qui sont souvent le mélange d’un nouveau développement technologique et d’applications scientifiques. Alors que ma thèse consistait à vérifier le modèle Weinberg-Salam-Glashow qui unifie électromagnétisme et interactions faibles grâce à la physique atomique, je me suis intéressé aux mesures de précision : spectroscopie laser, refroidissement des lasers et emprisonnement des atomes, interférométrie atomique, pinces optiques et applications en biologie et en physique des polymères. Depuis mon retour à Stanford après mon passage au département de l’Energie, j’ai commencé à m’intéresser à la synthèse de sondes nanométriques améliorées pour l’imagerie moléculaires de cellules vivantes, et nous avons lancé un certain nombre d’expériences. Je m’intéresse également à la question des batteries ou autres applications électrochimiques, avec en ligne de mire l’exploration de nouvelles solutions énergétiques à apporter au réchauffement climatique.

Justement, vous avez été l’une des voix plaidant pour un effort de recherche dans le domaine des énergies renouvelables. Comment les scientifiques peuvent-ils peser sur les décisions politiques ?

SC : Nous avons le devoir de dire aux décideurs politiques quels sont les risques liés au réchauffement climatique, mais aussi de quelle manière la science et la technologie peuvent transformer l’énergie et le paysage mondial de manière durable. Bien évidemment notre devoir est aussi ultimement d’aider les recherches œuvrant en ce sens.

Pourquoi avez-vous accepté de devenir président du comité scientifique international de l’ESPCI Paris ?

SC : Je suis convaincu que l’ESPCI était l’un de ces joyaux qui existe dans le monde de la recherche, et que les travaux qui y sont menés auront un impact durable sur la science et la société de manière générale. Si je peux aider, ce sera du temps bien employé.

Biographie

Steven Chu est Professeur de Physique et de Physiologie cellulaire et moléculaire à l’Université de Stanford, et président de l’association américaine pour l’avancement des Sciences (AAAS). Il a publié de nombreux articles en physique atomique, physique des polymères, biophysique, biologie moléculaire, imagerie médicale, synthèse de nanoparticules, batteries et autres applications électrochimiques.

Il a servi en temps que Secrétaire à l’Energie des Etats Unis de Janvier 2009 à avril 2013. Il a été auparavant directeur du Laboratoire national Lawrence-Berkeley, et chef du département recherche en électronique quantique des laboratoires Bells.

Le Dr. Chu est le co-récipiendaire du prix Nobel de Physique 1997 pour sa contribution au refroidissement et au confinement atomique à l’aide de lasers. Titulaire d’un doctorat en physique de l’Université de Berkeley, il détient également 32 diplômes honorifiques, et est membre de l’Académie Américaine des Sciences ainsi que 6 autres Académies internationales.

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