Un Prix pour Imad Lekouch

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02/11/2010

Développement, préservation de l’environnement… Les doctorants de l’Ecole sont très attentifs à ces champs de recherche. C’est le cas d’Imad Lekouch qui a consacré sa thèse à la production d’eau potable par condensation passive de l’humidité atmosphérique (la rosée) au Maroc. Au terme de travaux rigoureux et bénéfiques pour les communautés locales, Imad a apporté des réponses concrètes . Sa thèse a reçu le Prix de la meilleure recherche décerné par l’Université Ibn Zohr d’Agadir. Explications.

Une démarche utile

Au Maroc, dans les régions rurales du sud ouest, l’approvisionnement en eau reste problématique sur de vastes territoires. Ces difficultés impactent notamment l’alimentation d’établissements publics tels que des écoles ou des dispensaires. En décidant d’y étudier les phénomènes de condensation de vapeur atmosphérique, Imad Lekouch a permis d’évaluer une méthode inédite de récupération d’eau. Première étape du projet : le suivi journalier de paramètres climatiques locaux. Ces mesures ont prouvé l’importance du « gisement » et permis de prévoir de nombreux événements de rosée.

La rosée : 40 % des pluies

Imad a installé une station expérimentale dans le village de Mirleft, au sud d’Agadir . Son but : mesurer précisément la quantité d’eau douce susceptible d’être produite par son procédé avant de la comparer aux autres ressources disponibles (brouillard et pluie). Un enjeu scientifique qui s’est doublé « d’une expérience humaine forte » explique Imad, puisqu’il a fallu expliquer sa démarche aux villageois, s’assurer du soutien et concours de la commune. C’est ainsi qu’un local a été mis à sa disposition.

L’entrée en service d’une station climatique, de quatre condenseurs et d’un filet à brouillard a permis d’enregistrer des données de mai 2007 à fin avril 2008. Au cours de cette année, de nombreux phénomènes de rosée ont été constatés, avec de rares cas de brouillard. « Si la rosée s’avère si fréquente dans la région, explique Imad, c’est qu’elle est due à l’importance de l’humidité relative (75% en moyenne), au ciel clair et à la présence de vents dont les vitesses restent faibles (inférieures à 4 m s-1) ». Résultats : l’eau de rosée représente quasiment 40 % de l’apport annuel en pluie et constitue une composante essentielle de l’apport hydrique total .

Une eau exploitable…

Qu’il s’agisse du rendement ou de la composition, les analyses ont montré que l’eau de rosée représente une ressource d’appoint au potentiel intéressant. Eaux de pluie et de rosée ont un pH neutre et répondent aux normes recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Seules les teneurs en Mg2+ (magnésium) sont excédentaires en raison de la proximité de l’océan.


Le succès du condenseur de démonstration a incité l’équipe à installer des systèmes de collectes à Idouasskssou (à 8 km de Mirleft). Ces efforts ont abouti au déploiement de trois systèmes opérationnels (d’une surface totale de 135,7 m²) et d’un filet de récupération du brouillard. Il s’agit plus particulièrement :

 d’une toiture terrasse reconstituée sur la dalle de couverture d’une citerne,

 d’une toiture double pente installée sur une ancienne citerne réhabilitée pour le stockage des eaux collectées,

 d’un condenseur au sol à très bas coût, donc reproductible à très grande échelle,

 d’un filet à brouillard développant 40 m² qui a été ajouté afin de comparer les collectes relatives de chacune des ressources aux fréquentes brumes maritimes nocturnes.

…et exploitée

Ces installations ont permis de remplir des réservoirs alors inutilisés par les agriculteurs. Résultat : de l’eau gratuite est disponible pour l’exploitation agricole de caroubiers et de cactus du genre Opuntia (des figuiers de barbarie). Une technologie à proposer aux autres villages de la région ? « C’est possible, répond Imad, ce sont des équipements qui se révéleront utiles et adaptés à une gestion associative ».


Contacts :

Imad Lekouch : imadlekouch1@yahoo.fr

Daniel Beysens : daniel.beysens@espci.fr

Le service communication de l’ESPCI ParisTech : codit@espci.fr

Une recherche unanimement saluée

Imad a soutenu sa thèse le 23 février 2010. A l’Université Ibn Zohr, le jury du Prix de la meilleure recherche a honoré le lauréat en soulignant la qualité des travaux , la spécificité environnementale du sujet et le nombre considérable d’ articles suscités par cette recherche. Et maintenant ? Imad est prêt à démarrer une carrière de chercheur.

Pour en savoir plus :

Imad a étudié sous la direction de Daniel Beysens, chercheur au Laboratoire de Physique et mécanique des milieux hétérogènes ( PMMH ).

Il a réalisé sa thèse en co-tutelle avec l’Université Pierre et Marie Curie ( UPMC ), et l’ Université Ibn Zohr (Maroc) et en collaboration avec l’équipe CEA/CNRS/ESPCI ParisTech de Paris (France), l’UMR CNRS 6134 d’Ajaccio (France) et l’ Association OPUR (France).





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