Deux chercheurs récompensés par l’Académie des Sciences

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24/11/2021

Le 23 novembre, l’Académie des Sciences a décerné ses prix sous la coupole historique de l’Institut de France. Parmi les lauréat-es cette année, deux chercheurs de l’ESPCI Paris -PSL : Costantino Creton récompensé par le grand prix de la Fondation Michelin, et Kamran Benhia récompensé par le prix Jaffé de la Fondation de l’Institut de France.

Kamran Behnia, Directeur de recherche CNRS au LPEM (ESPCI Paris – PSL, CNRS, Sorbonne Université)


Quel est votre parcours en quelques mots ?

Je suis né en Iran en 1962. De 1986 à 1992, j’étais un réfugié politique. Après un magistère de Physique dans la région parisienne, j’ai effectué ma thèse à Grenoble et obtenu mon doctorat en 1990. Après un postdoctorat à l’Université de Genève (1990-92), j’ai été embauché au CNRS. Je travaillais au Laboratoire de Physique des Solides (Orsay-Université Paris-Sud) de 1992 à 1999. En an 2000, je suis venu à l’ESPCI où j’effectue mes recherches. J’enseigne à l’École polytechnique depuis 2018.

Quel est le sujet de vos recherches ?

Il s’agit des expériences mettant en évidence des phénomènes quantiques collectifs. Ma spécialité est l’étude de la propagation de la chaleur dans les solides pour sonder l’organisation microscopique des électrons.

Que pensez-vous de l’environnement de recherche à l’ESPCI et en France de manière générale ?

J’apprécie énormément la liberté intellectuelle pour mener ses projets, mais regrette le manque des moyens pour des projets ambitieux au niveau national. J’ai connu la France comme un pays attirant pour des jeunes scientifiques du monde. Sera-t-il toujours le cas demain ?

Que vous inspire cette récompense par l’Académie des Sciences ?

De la gratitude ! Au cours de mon parcours scientifique, j’ai eu la chance d’avoir croisé à chaque étape des excellents mentors, collègues et étudiants.

Costantino Creton, Directeur de recherche CNRS au laboratoire SIMM (ESPCI Paris-PSL, CNRS, Sorbonne Université) et directeur de la recherche de l’ESPCI.


Quel est le sujet de vos recherches ?

L’activité de recherche de notre équipe est centrée sur la physique, chimie et mécanique des polymères et plus particulièrement sur la relation entre la structure et les propriétés d’adhésion et rupture des matériaux très déformables à base de polymères tels que les élastomères, adhésifs autocollants ou encore hydrogels. L’équipe a toujours développé d’une part une approche très interdisciplinaire combinant des manips originales couplant mesures mécaniques et observations optiques et d’autre part des collaborations dans un large spectre allant de a mécanique du solide à la chimie organique.

Quel est votre parcours en quelques mots ?

Né en Italie en 1962, j’ai eun parcours d’immigré toute la vie, d’abord lors de ma formation initiale d’ingénieur en Science des matériaux à l’EPFL en Suisse puis aux USA ou j’ai fait une thèse de doctorat à l’université Cornell où j’ai découvert le monde des polymères. Après un post-doc d’un an à IBM en Californie j’ai atterri à l’ESPCI en 1993, d’abord comme post-doc puis comme chargé de recherche CNRS dans le laboratoire de Physico-Chimie Structurale et Macromoléculaire. J’ai ensuite poursuivi ma carrière scientifique dans ce même laboratoire, qui a changé deux fois de nom, en assemblant progressivement une équipe pour travailler à l’interface entre physique, chimie et mécanique. Il y a cinq ans j’ai eu la chance d’obtenir une bourse ERC Advanced Grant qui nous a permis d’explorer l’utilisation de la mécanochimie dans les matériaux élastomères. Finalement depuis 2019 je fais partie de l’équipe de direction de Vincent Croquette en tant que directeur de la recherche de l’ESPCI Paris-PSL.

Que pensez-vous de l’environnement de recherche à l’ESPCI et en France de manière générale ?

L’esprit très interdisciplinaire de l’ESPCI, sans frontières nettes entre la recherche fondamentale et appliquée combinée à la grande liberté d’action laissée aux chercheurs convient parfaitement au type de recherche que nous faisons. Les autres avantages de travailler ici sont l’écosystème scientifique de Paris Centre d’un niveau et d’une diversité exceptionnelle et la qualité des doctorants et post-docs qui veulent venir travailler à l’ESPCI. Le système de recherche français ne se livre pas tout de suite et il faut du temps à un étranger pour comprendre ses avantages et inconvénients et adapter ses thématiques de recherche et sa façon de travailler. Je pense en particulier que le travail en équipe interdisciplinaire pour s’attaquer à des problèmes complexes est exceptionnellement facile et la mutualisation de l’équipement au sein d’un laboratoire est un vrai avantage des laboratoires à la française.

Que vous inspire cette récompense par l’Académie des Sciences ?

Je suis très reconnaissant à l’académie des sciences et au jury pour ce prix prestigieux bien sûr, mais je sais que la recherche, surtout expérimentale se fait en équipe et j’ai pu travailler avec des équipes exceptionnelles, aussi bien mes collègues du laboratoire SIMM que les doctorants et post-docs que j’ai encadré, dont l’énergie et la créativité sont derrière bien des découvertes et résultats passionnants. Je remercie également les différents partenaires industriels qui m’ont fait découvrir leurs problématiques et nous ont permis d’être plus pertinents dans nos recherches.





ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES DE LA VILLE DE PARIS
10 Rue Vauquelin, 75005 Paris