Ré-inventer PC

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28/09/2021

L’ESPCI Paris - PSL s’est engagée dans l’élaboration d’un plan stratégique à 5 ans. Cette stratégie “PC 2025” est le résultat d’une réflexion collective autour d’ambitions partagées, où les enjeux de diversité, d’égalité et de science au service de la société ont guidé les choix, tant en matière de formation, de recherche que d’innovation. Rencontre avec son directeur général, Vincent Croquette.

W. Parra
Vincent Croquette, DG de l'ESPCI Paris - PSL
Qu’est-ce qui fait de l’ESPCI une école si singulière ?

L’ESPCI Paris – PSL est une école d’ingénieurs, un centre de recherche et d’innovation, dont la tutelle est la Ville de Paris. Elle est aussi un établissement-composante de l’université PSL. Depuis sa création, en 1882, sa formation et sa recherche sont interdisciplinaires et les recherches qui y sont menées à la fois fondamentales et appliquées.
Son modèle agile et original, sa riche histoire (nous comptons 6 Prix Nobel), sa taille humaine font d’elle une pépite de l’enseignement supérieur et de la recherche en France et à l’international. Ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée « l’école des Nobel ».
Et c’est un endroit où on ne cesse de se questionner, de se remettre en question, pour s’améliorer.

Sur quel constat avez-vous décidé de lancer une stratégie d’établissement ?

Nous sommes aujourd’hui dans une période charnière de l’histoire de l’école. PC se ré-invente à plus d’un titre. D’abord, comme ses voisines l’ENS, Chimie ParisTech et Mines ParisTech, elle est devenue établissement-composante de PSL. Nous entrons dans une nouvelle dynamique avec des coopérations renforcées avec les établissements qui composent notre université.
Ensuite, nous rénovons complètement nos bâtiments. Le chantier de rénovation de notre campus est soutenu financièrement par la Ville de Paris, notre tutelle. D’ici 2025, l’ESPCI sera un centre moderne de formation et recherche en plein cœur de Paris.
Enfin, dans les années à venir, nous allons devoir faire face à des défis multiples, qui touchent notamment aux évolutions de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’égalité des chances, l’accélération des innovations technologiques. Et bien sûr, l’école doit contribuer dans ses missions et dans son fonctionnement et sa vie de campus aux enjeux de la transition écologique…
C’était le moment de se poser les bonnes questions et d’évoluer.

PC 2025, c’est quoi ?

PC 2025, c’est avant tout un projet participatif. C’est le fruit d’un travail collectif de près de 12 mois, mené avec l’ensemble de notre communauté. En effet, il était important que le cœur même de PC, que celles et ceux qui la composent aient leurs mots à dire. Nos chercheurs, nos enseignants, nos personnels administratifs, nos élèves et même nos alumni ont été associés à la réflexion par le biais d’ateliers où chacun a pu s’exprimer librement.
Notre objectif est d’avoir une vision stratégique claire et ambitieuse de ce que l’ESPCI sera demain, en matière de formation, recherche, innovation, mais aussi de vie de campus et de responsabilité sociétale (développement durable, diversité, égalité femme/homme, etc.).
Notre stratégie s’articule autour de 3 missions (formation recherche innovation) et de 2 ambitions (PC engagé et PC diversifié).

Quels en sont les points saillants ?

Je le disais, PC 2025 vise à ré-inventer l’École de Marie Curie et de Pierre-Gilles de Gennes. Je peux vous donner quelques exemples. Nous souhaitons développer de nouvelles filières de recrutement pour nos élèves, nos chercheuses et chercheurs en renforçant ainsi notre ouverture sociale et l’égalité des chances. Nous voulons encourager, encore plus que ce que nous le faisons actuellement, nos équipes à explorer des champs de recherche d’importance sociétale tels que la transition environnementale, la biophysique ou la santé. Par exemple, une de nos équipes PhysMed va bénéficier du projet PariSanté Campus. Nous désirons diversifier nos interactions avec les acteurs socio-économiques pour renforcer encore notre modèle de science fondamentale orientée vers l’innovation. Et puis, un de nos projets phare est de dupliquer notre modèle de formation par la recherche dans un autre centre universitaire français, à Aix-Marseille.

Concrètement, comment l’ESPCI va-t-elle mener à bien la mise en œuvre de cette stratégie ?

Rome ne s’est pas faite en un jour. Nous avons établi un plan d’action sur 5 ans et au-delà, avec des référents pour chaque action/dossier, des jalons temps et une estimation budgétaire.
Certaines actions ont déjà été prises à bras le corps, comme la mise en place d’un guichet unique bilingue pour nos doctorants, ou encore la mise en place d’un comité agenda 21, ou la construction de la « maison de l’expérimentation » pour la diffusion des savoirs. D’autres auront besoin de temps pour voir le jour. Je pense notamment à la création d’une autre voie d’accès que le concours ou les admissions sur titres. Certaines sont très simples à mener comme l’accompagnement des chercheurs les plus novices par une équipe de parrains ayant une solide expérience de l’innovation dans leurs démarches. Je pense aussi à l’égalité femmes-hommes. Ici nous souhaitons inciter les candidatures féminines à tous les niveaux (élèves, chercheurs, administratifs). D’autres actions encore auront besoin de financement comme la création d’un fond d’amorçage pour le soutien aux projets émergents individuels ou de petites équipes scientifiques. Nous souhaitons également booster l’international.
Nous devons pour certaines actions les inscrire à notre budget, les prévoir ou trouver des financements, comme élargir la possibilité de logement pour nos étudiants.

C’est ensemble que nous réussirons à mener à bien PC 2025. C’est avec méthode, je l’espère enthousiasme et surtout, avec le collectif, que nous réussirons à inventer l’ESPCI de demain.

Quel ingénieur entendez-vous former ?

Nous formons des femmes et des hommes au prisme large, capables de travailler aux interfaces physique-chimie-biologie. L’ingénieur ESPCI est un innovateur à la croisée des chemins. Nous donnons à nos élèves-ingénieurs une formation qui leur permettent de relever les défis scientifiques et technologiques à venir. Nous leur apprenons à apprendre, à douter aussi. Ils sont préparés à s’adapter à n’importe quelle situation.
L’ingénieur ESPCI est un « innovateur responsable », c’est-à-dire un ingénieur polyvalent conscient du monde qui l’entoure, capable de comprendre les problématiques du moment et de faire changer les choses dans le bon sens.
C’est aussi un chercheur capable d’avoir les mains dans le cambouis, de gérer des équipes, de créer une start-up ou d’être à la tête d’un grand groupe.

Votre établissement se positionne sur des thématiques de recherche et d’innovation émergentes. Quelles sont-elles ?

A l’ESPCI, nous laissons libre cours à la création de nos chercheuses et chercheurs et les accompagnons dans leurs projets. L’ESPCI se doit également d’avoir un rôle d’impulsion pour investir des champs d’importance sociétale tels que la transition environnementale, la biophysique et la santé. Et toujours en partant du cœur de compétences de nos équipes.

Comment voyez-vous l’ESPCI Paris – PSL dans 10 ans ?

Je vois une ESPCI plus moderne que jamais, plus ouverte sur le monde, engagée, diversifiée, avec un campus high-tech, durable et accueillant. Une école plus tournée vers l’international également. Et dans mes visions les plus folles, je lui espère un nouveau Nobel.





ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES DE LA VILLE DE PARIS
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