Vous aimez les sciences ? Et si vous tentiez l’ESPCI Paris – PSL ?

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18/07/2023

Vous venez de passer le concours de l’X-ENS-ESPCI, cet article est pour vous. Vincent Croquette, directeur de l’ESPCI Paris – PSL vous aide à faire le choix de votre future école.

Le moment des concours est aussi une période de choix : celui de votre future école. Certains iront « dans l’école la plus en vogue dans leur famille », d’autres, et j’espère que vous en serez, feront le choix de celle qui leur correspond le mieux.

Les grandes écoles ont toutes des spécificités qui leur sont propres. Et vous pouvez tout à fait vous retrouver dans une école qui convient à vos attentes et à vos valeurs, ou à l’inverse, ce qui est moins agréable, vous pouvez aussi « mal tomber ». Et c’est bien dommage car vous serez engagé pour 3 ou 4 ans.

Se poser les bonnes questions

Les années de classes préparatoires ne vous ont pas laissé le temps de réfléchir à la question, pas plus qu’à celle de « l’après école ». Si c’est votre cas, pas de panique, ça l’est également pour la plupart de vos camarades de promo.

Il vous faut d’abord vous poser les bonnes questions. Quelles sont vos attentes ? Vos envies ? Quelles sont vos valeurs ? Qu’avez-vous aimé dans vos études ? Vous avez suivi différents enseignements et j’imagine que certains vous ont plu plus que d’autres.

Presque toutes les grandes écoles d’ingénieurs actuelles ont choisi de proposer à leurs élèves des cours à la carte, avec une très forte composante vers le management et la conduite de projet, les sciences sont bien souvent le parent pauvre dans les cursus.

Si, après vos études, vous souhaitez avoir la responsabilité d’un grand chantier de travaux publics, vous n’aurez guère besoin de connaissances scientifiques approfondies ; en mathématiques la règle de trois sera suffisante et vos qualités organisationnelles et managériales seront les plus importantes. Si on vous demande de réduire les émissions de gaz à effet de serre de votre entreprise, là, des connaissances scientifiques seront nécessaires pour faire les bons choix.

Si la curiosité scientifique vous anime, si elle est le dénominateur commun de vos centres d’intérêt, l’ESPCI peut vous intéresser. Les choix pédagogiques à l’ESPCI sont à l’opposé des autres écoles. Pendant les deux premières années, vous suivrez un cursus quasiment identique pour tous les élèves, où vous apprendrez la physique, la chimie et la biologie autant en cours théoriques que par des travaux pratiques. En troisième et quatrième année, vous pourrez approfondir vos connaissances et compétences en vous pré-spécialisant dans les domaines qui vous intéressent le plus. Présenté comme cela, vous pouvez trouver le traitement plutôt dur et ne laissant pas beaucoup de place à l’initiative de chacun. C’est un peu vrai sur le modèle, mais pas sur la mise en pratique.

Avant de décrire comment on apprend à l’ESPCI, expliquons pourquoi les choses sont ainsi. Actuellement les lieux les plus reconnus pour étudier les sciences dans le monde sont les grandes universités comme Stanford, Harvard, le MIT… qui malgré des prix exorbitants continuent d’attirer toujours plus d’étudiants. Quel est le secret de ces universités ? Il est simple : c’est d’adosser la formation de leurs étudiants à des laboratoires de recherche de premier plan international. Ce modèle est exactement celui que l’ESPCI a adopté dès sa création, sous l’impulsion, entre autres, de Pierre Curie. Une façon de mesurer l’impact de la recherche sur la formation d’un établissement est de considérer le rapport du nombre de chercheurs divisé par le nombre d’étudiants. A l’ESPCI, il est de 1,3 c’est l’un des plus hauts de l’enseignement supérieur.

L’ESPCI est un établissement-composante de l’université Paris Sciences & Lettres (PSL). Les grandes écoles en France sont petites en comparaison des universités internationales. Depuis quelques temps, elles se sont regroupées pour former des universités d’une taille comparable aux meilleures universités internationales. L’ESPCI a choisi de s’associer avec ses voisins, l’ENS, l’école des Mines de Paris, Chimie-ParisTech, l’institut Curie, le Collège de France pour ne citer que les établissement du Quartier Latin. PSL est maintenant classé dans le Top-50 des meilleures universités internationales. Cela vous garantit que lorsque vous chercherez un stage à l’international, les meilleures universités vont considérer votre dossier.

Une autre manière d’apprécier la reconnaissance internationale de l’ESPCI nous est donnée par la composition du Conseil Scientifique International de l’école. Ce comité se réunit chaque année pour suivre l’évolution de la formation et la qualité de la recherche à l’école. Il est composé de personnalités de tout premier plan : son président Steven Chu est professeur à Stanford, prix Nobel de physique et ancien ministre de l’énergie de Barack Obama, un autre membre n’est autre que Ben Feringa, prix Nobel de chimie. Les autres membres sont, soit des scientifiques reconnus, soit de grands industriels. Pourquoi ces personnalités de tout premier plan acceptent-elles de venir nous aider à améliorer notre école ? Tout simplement parce que nos laboratoires de recherche ont une réputation internationale et que les membres du comité sont intéressés par le suivi de nos résultats de recherche. Steven Chu est très actif dans la transition écologique et ses conseils sont une chance pour nos équipes de recherche.

Miser sur la pluridisciplinarité

L’idée mise en avant par les fondateurs de l’école est que les étudiants de l’ESPCI doivent être pluridisciplinaires. Ils apprennent la physique et la chimie, mais bénéficient également d’un apprentissage par la pratique au sein des laboratoires de recherche de l’école. Par la suite, Pierre-Gilles de Gennes (prix Nobel de Physique et directeur de l’école pendant 25 ans) a ajouté la biologie à la physique et la chimie.

Notre ambition est de former des ingénieurs de recherche et des scientifiques hors norme, conscients de leurs responsabilités individuelle, sociale et environnementale, par un corps professoral non limité par les frontières disciplinaires.

Mais comment peut-on apprendre tout cela sans que ce soit une corvée ? La réponse est simple, par des travaux pratiques qui n’ont rien à voir avec ceux que vous avez faits en classes préparatoires. Les TP de l’ESPCI sont des mini-projets où vous étudierez un phénomène scientifique à votre rythme. Vous allez y aborder des concepts fondamentaux, mais toujours par la pratique. Vous pourrez modifier les paramètres et observer les résultats, vous réaliserez les expériences vous-mêmes, en binôme, et avec des encadrants pour vous aider. Nous avons un taux d’encadrement très fort : 1 encadrant pour 8 élèves. Les Anglo-saxons disent « seeing is believing ». A PC, nous allons un cran plus loin, nous vous proposons de « voir avec vos mains » pour comprendre.

Mais à quoi cela va-t-il me servir, me demanderez-vous ? À proposer des solutions pour les défis de demain. En ayant une connaissance des sciences théoriques et pratiques, vous pouvez concevoir et proposer les outils de demain. Je vais donner deux exemples pour justifier notre approche pluridisciplinaire de la formation par la recherche. Le premier est relié aux technologies quantiques qui ont le vent en poupe actuellement. Elles proposent par exemple des technologies de cryptographie assurant la sécurité totale de la transmission d’informations. Avant d’aborder ce type de technologie, il faut comprendre les concepts de la mécanique quantique, ce que sont des états intriqués. Il n’y a pas mieux qu’un laboratoire de recherche dans le domaine du quantique pour se former et pouvoir proposer de nouveaux dispositifs. Le second ne vient pas de l’école, mais aurait pu : la société Abbot a changé la vie des diabétiques en proposant un patch intelligent qui permet de suivre le niveau de sucre dans le sang du patient. Ce patch contient des électrodes en contact avec le sang qui sont spécialement traitées pour minimiser les risques d’infection, une électronique adaptée permettant de faire la mesure et d’en produire le résultat sur un téléphone portable. Ce dispositif implique des problématiques physiques (électroniques, mesures et communications), chimiques (électrochimie, sucre, traitement de surface) et bien évidemment biologiques. Pour concevoir ce type de dispositif, il faut une personne qui parle les trois langages de la physique, de la chimie et de la biologie et peut faire l’interface avec les spécialistes. La formation de l’école doit vous donner les compétences pour être la personne qui conçoit ce type de dispositif.

Une fois les connaissances de base acquises les 2 premières années, vous pourrez choisir une spécialité en 3e année et la compléter par un Master en 4e année (le diplôme d’ingénieur est délivré à la fin de la 3e année). Si vous voulez vous orienter vers le management, vous pourrez le faire par un double diplôme par exemple avec les Mines de Paris, HEC ou ESSEC. 60 à 70% de nos élèves-ingénieurs poursuivent leur formation par une thèse de doctorat, tremplin pour les postes à haute responsabilité dans l’industrie ou l’académique, en France ou à l’étranger (le PhD est le seul diplôme universellement reconnu, à la différence du diplôme d’ingénieur) dans des secteurs très variés, de l’énergie au développement durable, en passant par l’informatique et la santé.

Les défis actuels posés par la crise écologique ne seront probablement pas réglés seulement par des progrès technologiques, mais ces derniers peuvent jouer un rôle important. La compréhension des fondements scientifiques associés à la production des gaz à effet de serre est la base essentielle pour poser les bons diagnostics et concevoir de nouvelles solutions à la hauteur des enjeux. C’est ce que l’ESPCI peut vous apporter concrètement dans ce domaine.
Je viens de décrire un enseignement très dirigé vers les sciences, mais l’ESPCI dispense également des cours d’anglais et de sciences sociales, complétés par des notions de management et de gestion de projet. Nous pensons que les concepts comme la mécanique quantique, la physique statistique ou la cinétique chimique sont vraiment difficiles à apprendre sur le tard, tandis que vous pourrez toujours vous former au management dans un second temps.

Pour finir, et parce qu’il n’y a pas que la science dans la vie, l’ancrage de l’ESPCI au milieu du Quartier latin, dans le 5e arrondissement de Paris, est garant d’une vie culturelle riche. Tout comme la taille réduite des promotions (inférieure à 100 élèves) vous assure une ambiance chaleureuse et presque familiale.

J’espère que ces quelques lignes vous auront aidés dans votre choix d’école.

Je vous souhaite un bel été.

Bien à vous,

Vincent Croquette
Directeur général de l’ESPCI Paris - PSL, Alumni 94





ÉCOLE SUPÉRIEURE DE PHYSIQUE ET DE CHIMIE INDUSTRIELLES DE LA VILLE DE PARIS
10 Rue Vauquelin, 75005 Paris